Volume V : page 98
“ vous entretenir de mon travail sur la vraie & unique methode d’enseigner les langues, que je crois avoir decouverte--Je vous priais de vouloir bien être mon juge, touchant la maniere dont j’ai traité un sujet, toujours digne de l’attention du Philosophe, par l’influence qu’ont les Langues sur notre faculté de Penser, laquelle pour parler le langage de Condillac & d’ Euler, n’existe que par elles.

"Encouragé par l’idée que vous ne me refusiez pas cette faveur inestimable, j’ai redoublé d’attention & d’efforts & j’ai amené mon ouvrage au point d’être entierement terminé, à l’exception, cependant, de quelques pages qui me restent encore á ecrire pour la seconde Section, la plus importante dans l’ordre des choses, mais heureusement la moins difficile à manier.

"Afin de vous mettre en état de prononcer sur le plan de l’ouvrage, j’ai pensé que je devais vous envoyer mon Discours Préliminaire, ou il est developpé & analysé dans le plus grand détail. Vous connaîtrez ma manière d’écrire par le premier Chapitre que j’y ai joint--Il est intitulé Conversation, ainsi que les suivans, pour de petites raisons de Nouveauté & d’intérêt. Vous vous formerez aussi une idée des Vocabulaires de la seconde Section, par celui que je vous envoye; c’est un des plus Important, puisqu’il a rapport aux mots servant de Lieu & de complément de sens entre les autres parties du Discours--

"J’aurais bien désiré vous envoyer plusieurs autres de mes conversations, mais il aurait fallu pour cela vous faire passer tout l’ouvrage, qui sera encore entre les mains du Copiste, pendant un mois--

"Je m’abstiendrai, comme il convient, de faire aucune reflexion sur ma méthode; je me bornerai à observer qu’elle ne saurait être adopté san faire une revolution complète dans l’Education qui ne consiste presque uniquement qu’a aprendre des Langues mortes ou Vivantes. Il me faudrait avant qu’elle ait le moindre succès, soutenir une longue lutte avec tous les Pédans des Collèges & des Ecoles, qui par leurs clameurs pourraient réussir a prévenir le Public contre l’ouvrage & peut être contre l’auteur lui même en l’accusant, par exemple, de matérialisme, à cause du titre qu’il a choisi--

"Cette Reflexion m’a suggeré l’idée de faire Imprimer ma methode, par souscription. J’ai adopté, sauf un meilleur, le plan suivant que je prends la liberté de vous Communiquer.

"Afin de mettre les Souscripteurs en état de la juger par eux-mêmes, je me propose de publier conjointement avec le Prospectus, Le Dis. Prel d’y joindre un échantillon de ma maniere de traiter ce qu’il y a de plus abstrait en Grammaire, comme l’origine des Genres des adjectives des Noms Abstraits; le tout formera une brochure d’environ 45--Pages, 8 vo . Je la ferai porter chez les Citoyens de Philadelphie & des autres villes des Etats-Unis, qui sont le plus en possession de l’estime publique. Quelques jours après on les priera de la remettre (conformement à l’avis qui sera en tête,) à celui qui sera chargé de recueillir la Souscription de ceux que l’ouvrage aura interessé; elle sera de deux dollars & demie par Exemplaire, d’environ 5 à 600--Pages in 8 vo imprimé correctement sur Beau papier.

"Rien ne serait plus propre à me concilier les suffrages du Public que votre approbation, en cas que vous en jugiez l’ouvrage digne. Si j’avais l’avantage de l’obtenir je ne ferais rien Imprimer de la Brochure (excepté ce que vous en auriez lu) sans vous le Communiquer auparavant.

"Le moment que je regarde comme le plus proprice pour ouvrir la Souscription, est le Commencement de decembre, époque ou se rendront à Philadelphie les Libraires des Etats-Unis, mes Confrères pour assister à la Foire littéraire. Je vous serais donc bien obligé de me renvoyer le Dis. Pre. &c. dès que vous aurez eu la bontè de la parcourir . . .”
Jefferson replied from Washington on November 15, and promised to subscribe for half a dozen copies:
Volume V : page 98
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